Le Versilia Pardini – le mini four d’antan

Connu dans tout le bassin méditerranéen puis tombé en désuétude, le four Versilia Pardini était un basique des cuisines de nos grands-mères… il revient sur le devant de la scène pour le plus grand bonheur des nostalgiques - et surtout des gourmets.

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J’en avais envie depuis un moment déjà – en fait depuis que je l’avais découvert sur le web, après avoir lu un billet sur le four Omnia… qui n’est jamais qu’un four Versilia remis au goût du jour.

Et après quelques recherches, j’ai jeté mon dévolu sur l’original – enfin, l’un des originaux : le Versilia Pardini, trouvé à prix plutôt raisonnable (moins de 30 €) sur Amazon.

Parce que bien sûr, ce four n’a pas une mais des origines – italiennes cela s’entend. Et peut-​être d’ailleurs aussi. C’était trop simple sinon. Alors avant même d’ouvrir mon carton, je vais vous conter…

La petite histoire du four Versilia Pardini

C’est un Italien, de Camaiore en Toscane, Oreste Pardini, qui a inventé et breveté ce four en aluminium, probablement en 1922 – année de la création de l’entreprise Oreste Pardini Srl. Et comme la ville de Camaiore est situé dans la zone géographique connue sous le nom de Versilia, le four a été baptisé… Versilia Pardini. On ne peut plus original 😉 Par contre, le four n’est plus fabriqué en Italie mais au Kenya – mondialisation et réduction des coûts de fabrication pour un article qui n’est plus en vogue obligent.

C'est en ce premier quart de XXe siècle que l'aluminium prend ses marques dans les cuisines italiennes - la Bialetti date de 1919, le four Versilia de 1922… un siècle plus tard, on n'a pas trouvé mieux que ces deux ustensiles, si simples et pourtant si utiles !

Sur la toile, on trouve également cette histoire (mais je n’ai pas trouvé de source officielle) : en début de XXe siècle, un autre Italien, plus exactement un juif italien, Abraham Alberto Lussato, a inventé le four palestinien, copie conforme du Versilia Pardini. S’en est-​il inspiré ? L’histoire ne le dit pas… toujours est-​il que cet inventeur, tout juif religieux et tout immigré en Palestine qu’il était, faisait fabriquer ses fours palestiniens… en Italie, vu que l’industrie de l’aluminium était florissante en Italie et inexistante en Palestine. Oui, en Palestine, parce que c’est ainsi qu’on nommait cette région avant l’indépendance d’Israël en 1948. Et il les a commercialisés dans tout le bassin méditerranéen.

Versilia, four palestinien, four de berger, four de campagne… les dénominations ne manquent pas et témoignent de la popularité de cet ustensile.

Ces mini fours, très répandus au Maroc, en Tunisie, en Algérie, en Italie… permettaient la cuisson « au four » de gâteaux moelleux, de pains, de viandes, de légumes, de gratins… quand il n’y avait pas encore de four dans toutes les cuisines.

Car si aujourd’hui, on trouve en effet un four à micro-​ondes ou un four traditionnel, électrique ou à gaz, à chaleur tournante ou à convection naturelle dans la plupart des foyers, ce n’était pas le cas il y a à peine un siècle.

L’usage du Versilia s’est perdu avec la démocratisation de l’électroménager, avant d’être remis au goût du jour par Omnia, avec son four éponyme, qui lui nous vient de Suède où, semble-​t-​il, ce type de four est connu depuis au moins depuis 1945. Les Suédois d’Omnia nous offrent d’ailleurs quelques recettes intéressantes sur leur site. Intéressantes, appétissantes, mais pas italiennes pour deux sous… nobody’s perfect 😐

Passons maintenant au…

Déballage du Versilia Pardini

Sitôt reçu, sitôt ouvert… je suis un vrai gamin qui déballe son nouveau jouet ! Le carton est solide, et le suremballage Amazon protège de tout mauvais coup pendant le transport.

Vu de l’extérieur, on dirait une cocotte. Une cocotte qui ressemble à s’y méprendre à un moule à savarin ou à baba quand on ôte le couvercle. Il est livré avec une base en inox qui sert de diffuseur de flamme pour répartir uniformément la chaleur et éviter de brûler le fond de votre four.

Pas de branchement électrique, pas de connection bluetooth, pas de minuteur, pas de thermostat… une simple cocotte, à l’instar des fours hollandais qui eux aussi, sont actuellement revenus à la mode. Et qui permettent, eux aussi, divers types de cuisson avec un contenant somme toute basique.

Toutes les pièces sont présentes au déballage, en même temps il n’y en a jamais que trois : le four style moule à savarin, le couvercle et le diffuseur de chaleur, bien graissé, qui est emballé à part dans un sublime papier à carreaux rouge et blanc 😉

Le couvercle s’emboîte plutôt bien sur la partie inférieure, mais ce n’est pas « parfait ». Le four en lui-​même est assez léger, il va falloir le ménager pour qu’il ne s’abime pas.

À noter justement que certains modèles de ce four, d’autres marques, sont dans un aluminium bien plus léger, et sont équipés de poignées et d’un bouton de couvercle en plastique, ils seront donc plus fragiles. Pensez‑y avant de choisir le vôtre.

Le fonctionnement du four Versilia

Le principe est simple, la base en inox chauffe le bas du four, et l’air chaud monte par la cheminée intérieure. La vapeur dégagée par les aliments sert également à cuire les aliments sans les assécher. N’ouvrez donc pas trop souvent le couvercle pendant la cuisson – si vous souhaitez vérifier la cuisson d’un gâteau, une pique en bois ou en acier insérée par un des trous du couvercle suffit à piquer le gâteau et à apprécier sa cuisson.

Vous pouvez aussi faire des grillades – en mettant un fond d’eau dans la partie basse (pour éviter de brûler le fond) et en enlevant le couvercle – il faudra prévoir une grille, que vous trouverez sur Amazon.

Ou tenter une cuisson à la vapeur, selon le même principe (un fond d’eau dans la partie basse), mais en gardant le couvercle pour retenir la vapeur.

Au final, un seul four, basique, pour différents modes de cuisson. Il suffisait de l’inventer… et de le commercialiser.

Les accessoires

Il existe quelques accessoires communs au four Omnia et au Versilia Pardini.

Le premier et à mon avis le plus utile : une grille en acier inoxydable qui permet de transformer le four en grill, ou en cuiseur vapeur pour les poissons et les légumes.

Vous trouverez également sur Amazon un moule en silicone pour éviter de brûler le fond du four (mais vous pouvez aussi beurrer puis fariner votre four).

Conseils d’utilisation

Le four est livré bien emballé dans un carton neutre, mais sans notice. C’est bien dommage, d’autant que dans un passé pas si lointain encore, il y avait certificat d’authenticité, notice et recettes dans le carton.

Peu importe, on ne va pas râler – même si on sait très bien faire, ici en France, on est même champions toutes catégories – on va plutôt suivre les conseils glanés sur le net. Conseils que j’ai d’ailleurs suivi à la lettre pour être certain d’obtenir le meilleur de mon four le plus longtemps possible.

Avant usage

Avant d’utiliser le four, il est recommandé de le badigeonner d’huile et de laisser ainsi toute une nuit avant de le laver à l’eau et au liquide vaisselle.

À la première utilisation, vous risquez d’avoir une odeur de neuf qui se dégage du four, c’est normal, ce désagrément disparaîtra à l’usage.

Préchauffage et temps de cuisson

S’il n’y a pas à préchauffer le four, il faut par contre laisser à feu moyen à vif pendant quelques minutes avant de baisser la flamme jusqu’au minimum.

N’utilisez pas le feu le plus puissant de votre gazinière, un feu moyen avec une puissance d’environ 1500 Watts suffit amplement.

Les temps de cuisson sont un peu rallongés par rapport à un four traditionnel, mais vu qu’il n’y a pas de préchauffage, que la cuisson se fait essentiellement à feu doux, et en raison des dimensions réduites du four, vous économiserez quand même en énergie par rapport à un four électrique ou à un four à gaz conventionnels. Intéressant pour votre portefeuille, pour la planète, et pour éviter de faire grimper la température de votre maison ou de votre appartement en été.

Pour mieux maîtriser la cuisson, vous pouvez acheter un thermomètre à barbecue et le fixer dans l’un des trous du couvercle, vous aurez en permanence la température du four. Je n’en ai pas pris, je verrai à l’usage si cet accessoire est utile ou pas.

Entretien

Il suffit de laver à la main, à l’eau chaude et avec du liquide vaisselle. Si des aliments ont attaché voire cramé en cours de cuisson, vous pouvez laisser tremper ou remplir d’eau et mettre sur un feu vif jusqu’à ébullition – toujours en utilisant le diffuseur de chaleur – puis attendre que le tout ait refroidi avant de nettoyer.

Premiers essais du Versilia Pardini

Le four Versilia permet de cuire et de réchauffer une grande variété de plats – pains, pâtes en sauce, viandes, poissons, grillades, légumes, pommes de terre, gratins, quiches, tartes, pizzas, muffins, gâteaux – on est surtout limités par notre propre imagination.

Alors pour commencer, j’ai fait simple… un pain italien, d’après une recette de grand-​mère. Qui bien sûr a la forme d’une couronne, mais vous pouvez le faire cuire dans un four traditionnel ou un four à bois et lui donner une forme de boule par exemple.

En fin de cuisson, laissez refroidir avant de sortir votre pain.

Préparé en moins d’un quart d’heure, cuit en à peine 30 minutes : 7 minutes à feu vif et le reste à feu doux. Entre la préparation et la cuisson, 5 heures de maturation de la pâte. Le pain est léger, avec une mie bien moelleuse mais un peu dense, une croûte fine et croustillante. Ceci-​dit, je pense qu’il me faudra encore quelques essais avant d’obtenir exactement ce que je veux.

Il y avait une autre recette que je voulais tenter, celle de la Brazadela aussi appelée Ciambella romagnola alla ricotta. Un beignet traditionnel de Romagne, gourmand et moelleux. La recette ne prévoit pas de trou central, mais vu qu’il va cuire dans un « moule à savarin »…

Même conseil que pour le pain, ne démoulez pas immédiatement, attendez que votre four ait refroidi avant de démouler.

Et voila le résultat :

Pâtisserie réussie, bien cuite et moelleuse… en moins de 30 minutes, temps de préparation et de cuisson inclus. J’ai même changé de feu en cours de cuisson, je suis passé du feu moyen (1500 Watts) au plus petit feu (1000 Watts).

Je retenterai la recette avec une cuisson en four électrique, pour voir la différence – vu que j’ai assez souvent lu que ce gâteau était plus moelleux cuit au Versilia, et que je veux juger par moi-​même.

Et puis, tant que j’étais dans mes essais, je n’ai pas résisté, parce que même en été, je ne résiste jamais… j’ai tenté les lasagnes alla bolognese, sur base de ragù alla bolognese, sans béchamel – mais avec une tonne de mozzarella !

Bon, je n’ai pas fait les feuilles de lasagnes moi-​même, j’en ai pris des fraîches au supermarché. Le ragù alla bolognese par contre est maison.

Résultat à la hauteur de mes espérances :

La cuisson est parfaite, le plat savoureux… que demander de plus ? Pas grand chose… parce que même avec un four qui n’est pas très propre (doux euphémisme), le nettoyage n’a pas posé problème. Mais il reste des taches. Rien de traumatisant, mais le four n’a plus l’aspect neuf qu’il avait gardé avec les autres plats.

Ceci-​dit, il faut être au moins deux morfals pour venir à bout des lasagnes. Voire trois.

Je n’ai pas voulu arrêter sans avoir préparé des pilons de poulet grillés agrémentés de pommes de terre taillées en cubes.

Le poulet est cuit, tendre, les cubes de pommes de terre croustillants et fondants, parfumés… un vrai régal. Vous remarquerez les taches dans le four : ce sont celles causées par la cuisson des lasagnes, je n’ai pas réussi à récupérer vraiment l’aluminium.

Retour d’expérience

Finalement, je ne suis pas mécontent de mon achat. Je dirais même que j’en suis totalement satisfait.

Pain, pâtisseries, viandes, pâtes… tout ce que j’ai tenté avec le Versilia Pardini est réussi, je me suis fait plaisir et je n’ai pas surchauffé mon appartement. Maintenant que je l’ai découvert et essayé, j’aurai du mal à m’en passer. En moins d’une semaine, j’ai préparé mes lasagnes, trois pains, deux ciambelle (le pluriel de ciambella, en italien, c’est ciambelle, de même qu’on ne dit pas pizzas mais pizze) et les pilons de poulet.

La simplicité, pour certains, c’est d’allumer leur four, d’attendre qu’il soit à température, d’enfourner et de programmer le temps de cuisson.

Mais pas pour moi. La simplicité, pour moi, c’est oublier le temps de préchauffage, dépenser moins d’énergie et remplacer une batterie de plats par un seul, qui sert également de four. Chacun voit midi à sa porte…

Alors quel que soit son nom, son origine, sa marque, tout ce qu’on retiendra, c’est que ce four est utile en camping, dans une tiny-​house ou quand on a un espace réduit, ou tout simplement pour cuisiner autrement, et accessoirement pour préparer un bon petit plat, quand on ne veut pas cuisiner à pas d’heure sans pour autant exploser sa facture d’énergie (le tarif réduit, c’est intéressant pour l’eau chaude, le lave vaisselle et le lave linge, pas pour préparer un plat, aussi savoureux soit-​il).

Et vu son prix, ce serait dommage de ne pas tenter l’expérience. D’ailleurs, dans la même gamme de produits, il y a aussi le fornetto estense Agnelli, plus cher certes, mais plus grand, et plus fonctionnel aussi (enfin, tout dépend de ce que l’on cuisine), que je testerais bien, à l’occasion…